Le 5 novembre 2013 s’est réuni la première session dite constituante du conseil local en santé mentale de la ville d’Albi, qui devrait être étendu, quand les modalités de fonctionnement le permettront, à tout le Tarn nord. Plus d’une vingtaine d’organismes ont répondu présent à l’invitation de la mairie d’Albi et de la Fondation du Bon Sauveur, même si cette dernière n’a nullement de prétention hégémonique sur la nouvelle instance, comme l’a rappelé Gilbert Hangard, directeur de la Fondation.

Après une introduction de Monsieur le maire, Philippe Bonnecarrère, qui a rendu hommage aux initiateurs de ce projet, et insisté sur l’importance économique et sociale du Bon Sauveur pour mieux souligner, au niveau de la collectivité municipale, une « vision fédératrice » et une « volonté d’échanges », Gilbert Hangard a poursuivi sur cette notion de réseau, en disant qu’il fallait améliorer les contacts et ce, en raison d’un handicap psychique qui recoupe des champs multiples comme le logement ou le social.

A l’invitation de Michel Sinquin, médecin chef du CMP d’Albi, les participants se sont présentés chacun à leur tour.

L’intervention de Mme Guezennec, chargée de mission à l’OMS, aura permis, dans un troisième temps, de rappeler certaines modalités de fonctionnement, certains processus de concertation et d’organisation, propres à l’idée que l’OMS se fait des conseils locaux en santé mentale. Ces recommandations ont pareillement été l’occasion de déterminer le champ de compétences  du CLSM. Ainsi, Mme Guezennec a pu insister sur la nécessité de faire un état des lieux pour dégager certaines thématiques prioritaires pour le territoire. De cette dynamique découle l’organisation, du comité de pilotage, aux commissions thématiques, en passant par l’assemblée plénière. Si l’évocation de la cartographie des CLSM a été l’occasion de rappeler encore cette nouvelle logique à l’échelle d’un territoire, l’historique a autorisé la chargée de mission de l’OMS de préciser l’importance de la mise en place d’une politique de parcours de soins qui met l’usager au cœur de ses préoccupations, et non plus la structure, comme c’était encore le cas à la fin des années 1990.

Six actions déterminent le champ de compétence du CLSM : l’observation, l’accès aux soins, l’inclusion sociale et la lutte congre l’exclusion, la lutte contre la stigmatisation, la promotion de la culture en santé mentale, enfin, la résolution de situations psychosociales complexes. Une évaluation annuelle est recommandée.

Michel Sinquin reprend la parole. Il sollicite un second tour de table qui permettra de synthétiser le cadre général évoqué par Mme Guezennec, au cas du territoire albigeois. Dans ce cadre, les attentes des uns et des autres se sont voulues redondantes : renforcer les partenariats pour affiner la prise en charge, mieux se connaître les uns et les autres, travailler en concertation sur des cas particuliers, pour renforcer le parcours de soins au-delà de la simple hospitalisation à temps plein. On notera l’intervention rigoureuse de Mme Ginouillac, Président de l’UNAFAM du Tarn, qui a rappelé à quel point les malades avaient besoin d’un « aiguillage » dans la continuité des soins, dans les ressources,  le logement, par rapport à l’insertion sociale, la protection juridique, voire l’insertion professionnelle. La déstigmatisation du handicap psychique lui apparaît comme un enjeu primordial. Enfin, la prévention peut éviter nombre d’hospitalisations, ce qui représente gain humain et financier.

Dans un cinquième temps, Patrick Lelong, directeur au sein de l’APAJH, et Michèle Delrieu, assistante sociale au CMP, sont revenus respectivement sur la signature d’une charte de déontologie (importance de la confidentialité), et sur les futurs groupes de travail du CLSM d’Albi.

L’histoire de la psychiatrie en France par le Docteur Sinquin, de la reconnaissance de la maladie mentale à la fin du XVIIIe siècle, à l’accompagnement renforcé et individualisé depuis les années 2000, en passant par l’isolement et la volonté de se protéger de ses populations laborieuses et dangereuses au XIXe siècle, ou encore l’eugénisme au premier XXe siècle, venait légitimer la notion d’empowerment. Cette évocation était donc loin d’être superflue. Elle conduisait même au point d’orgue de cette réunion : le premier spécialiste de la maladie mentale doit devenir, à termes, le malade lui-même. De ce fait, cette constituante du CLSM, par la voix de Michel Sinquin, s’est conclue sur une déclaration de combat, sur cette utopie qui devient vérité de demain.

Le GEM Horizons ne peut que saluer le discours de Michel Sinquin, et plus largement, d’avoir été associé à cette démarche du CLSM, pour faire porter la parole du malade, la voix de l’usager.

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