Revenu au GEM Horizons, après plusieurs années d’absence, à l’automne dernier, François Frégonèse n’avait pas quitté le groupe pour autant. Pour cause, c’est grâce à lui que vous pouvez lire les articles que nous publions depuis plus de dix ans. Même s’il n’a pas géré le site durant tout ce temps, c’est lui qui a créé la base de données chez notre hébergeur et qui a installé la première version de WordPress en novembre 2012.
Je me souviens, quand je lui avais évoqué l’idée de mettre en place un site pour le GEM Horizons en cours d’émancipation. Il s’en est réjoui et n’a pas hésité un instant. J’étais pour ma part, à l’époque, un novice en la matière. Lui était déjà aguerri à ces techniques de communication. Au-delà de sa sensibilité artistique – son œil de photographe passionné et confirmé -, et de sa créativité au niveau graphique, j’ai toujours admiré et respecté sa grande technicité. Là aussi, évoquée son intelligence, on en vient vite à parler de son esprit prospectif, sa curiosité.
Ce trait de caractère est indispensable si l’on veut évoluer dans le temps dans la communication. Que ce soit d’un point de vue conceptuel ou théorique, mais surtout au niveau technique (je pense notamment à l’informatique), tout va très vite. Je me rappelle du Professeur Serge Regourd, Honnête homme à tous points de vue, l’un des pionniers des formations universitaires en la matière à l’Université Toulouse I Capitole, qui m’avait formé dans son master 2 d’administration et de gestion de la communication au tournant des années 2000 : il précisait cette loi d’airain, cette nécessité d’être à l’affût des nouvelles approches et des évolutions techniques pour affiner sa pratiquer professionnelle et se maintenir dans ce secteur d’activité.
François avait ces qualités remarquables, une vraie appétence pour ce travail. Il avait envie, et face à sa fragilité, c’est cette passion qui l’a sauvé de l’écueil d’une vie d’errance liée à la souffrance psychique.
Très vite, en plus du site, il nous a proposés ce fameux visuel du bonzaï en terre aride, que l’on retrouve sur l’affiche du GEM d’Albi, de même que la première plaquette. Hasard ou Clin d’œil du destin, l’un de ses derniers travaux aura été de réactualiser cette affiche et de nous fournir un nouveau dépliant.
François aura été l’un des piliers de cet âge d’or du GEM Horizons, au 9 rue de la Rachoune. Ce moment où les Cathy, Thierry, Nicolas… (ils nous ont aussi quittés) mais aussi Jérôme, Jean-Marc, Marco, Philippe… (eux sont toujours là, fort heureusement !), se sont mobilisé pour autonomiser le groupe d’entraide mutuelle d’Albi. Et c’est bien là un paradoxe, que nous ne sommes tous jamais autant sentis en action et vivants que quand nous avons dû combattre pour notre liberté, pour dépasser les regards stigmatisants sur le « handicap » psychique, en prouvant que nous étions capables d’autogérer la structure.
François, comme nous autres, regardait cette période avec nostalgie et une forme de pincement, de doute, quand il voyait ce qu’est devenu le GEM Horizons. Avec ce poids des années de lutte contre la souffrance psychique, qui lui conférait cette sagesse et ce relativisme qui sied à la maturité, il n’en restait pas moins philosophe quant au devenir de l’association. Il s’inquiétait enfin pour son avenir : quittant le régime de l’AAH, il avait assez travaillé pour avoir droit à une maigre retraite, bien plus maigre que les ressources qu’il percevait de la CAF. Il n’aura même pas pu connaître ce moment. Son cœur s’est arrêté brutalement ce 26 mai. Ses obsèques ont lieu ce mercredi à Gaillac. : un moment à son image, mélange de sensibilité et de pudeur.
Tony K.
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