Sous couvert de rigueur et au nom de l’image qu’il véhicule, on met parfois derrière le mot science la plus ridicule des caricatures. Pour prétendument sensibiliser des familles ou le grand public, un laboratoire (rien que ça) avec l’aide d’un psychiatre (encore mieux), a mis en place une expérience de réalité virtuelle dont le nom est déjà tout un programme «  dans la peau d’un schizophrène ». Ce titre sensationnaliste pourrait être celui d’un mauvais film d’horreur. Il n’est donc pas étonnant que, plongeant dans cette séquence de réalité virtuelle, on plonge dans le scabreux.

Un logement sale, et vétuste (car quand on est schizophrène, on fume, on boit, on est sale et pauvre), un foisonnement d’hallucinations visuelles et auditives, des délires de persécution et j’en passe. Ces symptômes positifs et négatifs existent chez certains patients, mais leur accumulation n’est nullement représentative, et surtout, ce scénario mélange des symptômes de crise (voix, délires) et des symptômes plus permanents (atonie, aboulie…). Les traitements viennent le plus souvent abolir les productions et estomper le manque de volonté et la désorganisation.

En tout cas, je ne souhaite à aucun malade d’être suivi par le psychiatre qui a conseillé les
créateurs de cette mascarade, qui a de quoi affoler, terroriser le profane. Si les schizophrènes qu’il suit sont dans cet état, je pense qu’il devrait songer à une reconversion. De plus, j’espère que le Conseil local de santé mentale de Rennes (ville où il sévit), s’il existe, saura se passer des « conseils » de ce genre d’individu, qui signe ici un morceau de bravoure de la stigmatisation du handicap psychique.

Les premiers concernés par la souffrance psychique, ce sont les malades. Se prétendre être « dans la peau d’un schizophrène » quand on est psychiastigmatisationtre relève d’une forme de pathologie, qui n’est pas la schizophrénie mais qui semble s’en rapprocher ! Si l’obscur laboratoire qui a investi dans cette plaisanterie de mauvais goût avait eu un peu de jugeote, il se serait basé sur un échantillon représentatif de malades. Mais voilà, ces scientifiques considèrent le schizophrène (patient atteint de schizophrénie, c’est déjà trop leur demander) comme une entité et une identité, mais surtout comme un cobaye, un objet d’étude. Iriez-vous demander à un candidat à l’humanité de vous conseiller ? Bien sûr que non, il faut plutôt s’enquérir de l’avis d’un spécialiste de ce genre d’animaux !

Voilà comment ces gens là pensent, et voilà pourquoi le combat pour l’inclusion est encore si long. Quant à Science et Avenir, il devrait supprimer cet article, avoir honte de faire de la publicité pour ce genre de fadaises, ou alors se faire racheter par un journal du genre Rivarol ou Présent, car ce genre de programme n’est pas neutre et traduit déjà une forme de pensée politique. Marginaliser le handicap psychique en en montrant de stéréotypes les plus extrêmes, travailler sur les peurs, c’est déjà signer une volonté d’exclusion de ces populations.

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