penserDepuis leur création en février 2005, et d’autant plus depuis l’arrêté de juillet 2011, le principal financeur des GEMs, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) via les ARS (Agences régionales de santé), impose aux groupes de développer des plages d’ouverture au cours desquelles les adhérents s’autogèrent, sans présence de salarié animateur. Si ce principe est louable, car il tend à susciter une prise de conscience responsable auprès des personnes en fragilité psychique, dans les faits, il est difficilement appliqué, quand il ne relève pas de l’impossible ou du casse-tête.

La gageure de l’autonomie tient à deux raisons essentielles. La première provient de la nature mixte des groupes en ce qu’ils sont à la fois association d’usagers, et structure médico-sociale. Le fait est que, dans ce mélange des genres, c’est souvent le second qui prend le dessus ce qui implique dans la perception des usagers la nécessité d’un référent professionnel. Sans ce dernier, ils se sentent désorientés, ou pire, se considérant affranchis de toute autorité, ils s’autorisent des comportements générateurs de tensions ou de déstabilisation de la microsociété GEM. La deuxième raison tient à la nature des éléments qui composent le groupe d’entraide. Ces derniers sont censés accueillir des personnes « stabilisées » mais l’on sait combien ce concept est subjectif tant dans son appréciation intrinsèque que dans la durée.

Ces deux raisons posent les limites de l’autonomie des groupes d’entraide mutuelle. Il en résulte un paramétrage des plages d’ouverture de ce type. Ce paramétrage pose lui-même problème. En effet, si l’on demande au salarié d’être d’astreinte, dans quelle mesure peut-on parler d’autonomie ? Si l’on limite l’accès à certains adhérents, que deviennent l’empowerment et la liberté d’aller et venir dans son GEM ? Chaque groupe apportera les réponses qui lui semblent les plus pertinentes sur ces deux points en fonction de la typologie d’usagers. On sait à quel point la réalité des groupes est aussi plurielle et variée que les quelques trois cent trente GEMs qui se trouvent sur notre territoire.

On pourrait définir l’autonomie comme la faculté d’agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite et sa propre loi. Ce précepte de philosophie morale renvoie aussi à la notion de citoyenneté et semble requérir un apprentissage encore plus spécifique dans le cas de souffrance psychique. Il devrait toutefois être généralisable à tous les groupes. Ainsi, préparer l’autonomie devrait être un but des encadrants durant leur temps de présence en éduquant les usagers au vivre ensemble, dans les rapports inter individus et non uniquement dans l’esprit d’arbitrage qui lie l’encadrant à l’usager.

Il ne faudrait pas oublier, que, dans un schéma idéal, les GEMs sont surtout le dernier maillon de la chaîne des structures de réhabilitation post-hospitalières. Ils sont le dernier pas avant l’inclusion voire l’assimilation au sein de la population classique. En dépit des difficultés observées, il faut croire que les plages d’autonomie demeurent le but ultime des groupes d’entraide mutuelle, et qu’elles sont même leur temple des définitions.

À Albi, le GEM Horizons, accompagné par son parrain l’APAJH du Tarn, s’évertue depuis un an à favoriser ces plages d’autonomie dans le respect de la philosophie évoquée précédemment. D’un samedi après-midi par mois, ces ouvertures, qui ont fonctionné, invitent les deux parties à élargir le concept lors des congés de l’éducateur spécialisé, responsable du groupe.

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