En ce mois de février 2013, deux films viennent aborder la bipolarité sur un ton léger, parfois humoristique. Cette mise sous les projecteurs d’un tel thème est faite pour dédramatiser la maladie psychique. On peut même ajouter que ce cinéma de masse vient démocratiser la perception de la bipolarité et encourage la lutte contre la stygmatisation des bipolaires. Le fait n’est pas nouveau : on se souviendra, pour exemple, de l’inoubliable et attachant Mr Jones (1994), joué par un Richard Gere au zenith de sa popularité.

Unknown-15Happiness therapy, film américain, réalisé par David O. Russel, avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, et Robert De Niro, dresse le tableau classique d’un bipolaire en perte de vitesse : Pat a tout perdu et se retrouve à vivre chez ses parents. Voulant reconquérir son ex femme,  il se lie d’amitié avec Tiffany, une jeune femme au parcours mouvementé. Les deux personnages principaux décident de se coacher mutuellement pour retrouver pied dans la vie, ce qui réserve au spectateur bien de surprises…

Ca se soigne ?, comédie française, réalisée par Laurent Chouchan, a pour tête d’affiche Thierry Lhermitte alias Tom, un chef d’orchestre connu et reconnu qui a tout pour lui. C’est un feu tricolore qui le précipite dans l’abîme de la dépression. Consultant les plus grands spécialistes, il connaît des moments de rémission, des phases d’excitation. Il devient ingérable pour ses proches, un véritable cauchemar, voire un tsunami.

On pourrait se demander ce qui a pu motiver cette actualité de la maladie psychique au cinéma. Les réponses sont plus ou moins évidentes.

Bien sûr, il s’agit d’un phénomène de société de moins en moins marginal. Qui n’a pas, parmi ces proches, un bipolaire, un schizophrène ? Qui n’a pas connu des baisses de régime nerveux, de petite déprime, voire de burn oUnknown-16ut ? On n’en doutera plus désormais : les troubles psychiques et leurs corolaires seront l’un des grands enjeux du XXIe siècle.

Plus globalement, Les crises que nous vivons et les courbes sinusoïdales de l’actualité amènent le public à s’identifier à ses antistars, complexes et tourmentés, que sont les bipolaires. Dédramatiser la bipolarité des personnes revient ainsi à démystifier la complexité contemporaine et l’impression d’impuissance qu’elle génère à l’échelle de l’individu redevenu sujet.

Ces deux films soulignent aussi la situation de dépendance des personnes handicapés psychiques : la difficulté à se maintenir dans l’emploi du fait du manque de structuration du monde du travail pour les personnes concernées, et la précarité sociale qui en découle. Enfin, l’isolement et la marginalisation sociales que génèrent certains symptômes productifs.

Nul ne doute que ces deux fictions aux accents très réels, par leur sens aigu de la dérision et de l’autodérision, apporteront beaucoup aux malades psychiques en termes d’image. Ceci étant dit, une question viendra conclure ce court article : A quand un long métrage sur un groupe d’entraide mutuelle ?

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