Chaque année depuis 2004, le GMEA, Centre National de Création Musicale d’Albi-Tarn, relaie au niveau local une manifestation dédiée à l’environnement sonore selon une approche transversale, et intitulée « Semaine du Son ». Pour la session 2019, c’est la thématique de l’écoute sensible qui a été retenue, mettant la science et plus précisément la physique à l’honneur en parallèle de créations musicales. Si la question de la sensibilité parle aux personnes fragilisées par des troubles psychiques, explorer au travers du vecteur sonore leur fréquente hyperémotivité ne pouvait que séduire les adhérents du groupe d’Albi, qui ont répondu très favorablement à l’invitation formulée par Marion Popard, chargée de la production et de l’administration du GMEA.
Avec Pascale Criton, à droite.
Cet intérêt devait se concrétiser le mardi 29 janvier, dès lors que quatre membres du GEM d’Albi investissaient les différents dispositifs proposés pour cette Semaine du Son. Au Frigo, Pascale Criton, compositrice, spécialiste de la musique microtonale, leur a fait tester, avec beaucoup de gentillesse, les outils de son projet Sonotact, développés en lien avec l’Université de Bordeaux. Quelle fabuleuse découverte pour les gémois, entre science, poésie et rêverie éveillée ! Grâce à une table, un banc et une station solidienne équipés de capteurs, ils ont pu entrer dans un univers sonore apaisant, les sons étant le fait du toucher, du contact, et de la conduction osseuse. Cette première approche artistique et interactive, une tablette permettant tour à tour à chacun de moduler les sons, et un micro les invitant à s’exprimer, méritait des explications techniques.
D’où la deuxième partie de cette après-midi, qui devait amener le petit groupe dans les locaux du GMEA. La pédagogie et l’accueil sympathique d’Amélie Agut, chargée de médiation, ont permis aux adhérents de comprendre des notions tels que le son en tant que vibration, la fréquence, l’écho, ou la résonance avec des dispositifs très simples et très accessibles.
Avec Hugues Genevois (deuxième à gauche), et Amélie Agut (à droite).
Cette rencontre du GEM avec le GMEA se terminait en apothéose. Reçus par Hugues Genevois, ingénieur de recherche au LAM de l’Institut d’Alembert de la Sorbonne, les adhérents du GEM Horizons ont été très attentifs et intéressés par la présentation plus technique de l’espace d’expérimentation sensorielle intitulé Sympathies #8.2. Autour des plaques de Chladni, ils ont pu s’étonner de voir des vibrations former des motifs géométriques précis. Cette introduction leur a permis de bien saisir l’utilisation de membranes métalliques dans l’espace par Hugues Genevois, en tant qu’émetteur, mais aussi en tant que récepteur. Le discours érudit de l’ingénieur s’accompagnait ensuite d’un petit récital unique en raison des contraintes de Sympathies #8.2, qui ne permet de reproduire un tel moment à l’identique. L’univers sonore proposé par Hugues Genevois s’inspirait largement du compositeur britannique William Tisdale, d’où la superposition et l’enchevêtrement de sons, rappel de la démultiplication des voix dans l’œuvre de ce dernier.
Les gémois ont été enchantés par cette après-midi. « C’était génial », devait s’exclamer Anne-Marie et Lauriane, de concert. « Original » pour Arnaud. « On apprend comment est constitué le son, car dans la vie de tous les jours, on baigne dans un univers sonore sans se poser la question », rajoutait Anne-Marie, après avoir interrogé Hugues Genevois sur le « mur de sons ». Au-delà de l’intérêt et du plaisir qu’ont suscités ces expérimentations au GMEA, c’est aussi l’accueil bienveillant, détendu, et souriant de l’équipe qui ont touché les quatre membres du GEM Horizons. Une invitation qui ouvre donc la voie à de nouveaux contacts et de nouveaux échanges.
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